L’orchestre de chambre, c’est quoi ?

Vous rêvez d’écouter de la musique classique ? Mais lorsque vous en mettez, sur votre enceinte, dans votre chambre, vous n’êtes pas conquis ? Il vous faudrait voir le violon sur votre lit, la flûte devant votre bureau… ? Mais pour résoudre votre problème, il existe une solution : l’orchestre de chambre !

Comme son nom l’indique, l’orchestre de chambre à été créé pour tenir dans une chambre. Certes, il s’agissait à l’origine des chambres du XVIIe siècle, donc peut-être plus grandes que la vôtre… Il a tout de même été créé pour tenir dans un lieu plus intime qu’une salle de concert ou une église, d’où son nom… et sa taille !


Que trouve-t-on dans un orchestre de chambre ?

En effet, on ne trouve pas plus d’une trentaine d’instrumentistes dans un orchestre de chambre. C’est donc un orchestre de taille modeste. 

Vous vous dites sans doute, « une trentaine de musiciens, chez moi, ça ne rentrera pas »… Mais une chance pour vous, il s’agit surtout de petits instruments. En effet, l’orchestre de chambre est constitué d’un pupitre de cordes (violon, alto, violoncelle et contrebasse, le seul vrai encombrant), d’un pupitre de bois (flûtes, clarinettes, hautbois, bassons) et de quelques cuivres, selon les morceaux. Mais surtout, chaque partie est jouée par un instrument soliste ! Au fil des siècles, les compositeurs ont doublée, triplé, quadruplé les parties, ajouté quelques percussions et cuivres, un clavecin ou un piano…, et cela va donné naissance aux orchestres symphoniques que vous connaissez. Mais ceux-là ils ne rentreraient pas dans votre chambre, pour sûr !

pianoweb, composition d’un orchestre classique

Un répertoire particulier ? 

Une fois installés dans votre chambre, que vont-ils vous jouer ? Quelque chose de beau, au moins ? Mais bien sûr, et probablement quelques morceaux que vous connaissez, puisque l’un des grands maîtres de la musique de chambre, c’est Mozart ! On peut citer, par exemple, sces concertos, les numéros pour quatuors, quintettes à cordes, etc. La grande nouveauté amenée par la constitution d’orchestre de chambre est la popularisation d’une répertoire profane, en opposition à la musique sacrée jouée dans les églises. (Ou bien : la naissance de l’orchestre de chambre popularise un répertoire profane, en parallèle de la musique sacrée jouée dans les églises.)

Pourquoi l’orchestre de chambre est-il né au XVIIe siècle ? 

Les grandes fêtes données par Louis XIV épanouissent la vie mondaine du XVIIème siècle. Pour quelque occasion que cela soit, on veut avoir un peu de musique chez soi. L’enceinte n’existant pas encore, on invite quelques musiciens pour jouer du Mozart, du Haydn… Un peu comme dans le film  Intouchables (2011), pour l’anniversaire de Philippe. 

Au XIXe siècle, le romantisme encourage la constitution de grands orchestres. Ainsi, Berlioz composera pour 458 instrumentistes ! Les orchestres de chambres sont un peu oubliés, on ne compose plus pour eux. Au XXe siècle, cependant, ils sont remis à l’honneur, que ce soit par manque de moyens à cause de la crise économique, ou bien dans un soucis esthétique, liés à l’influence de petits ensembles à la mode, de jazz par exemple.e; Een tout cas, la musique pour orchestre de chambre reçoit un second souffle, et ce, pour notre plus grand plaisir !

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Image d’illustration : Orchestre de l’Opéra Royal, dans la galerie des Glaces à Versailles, chateaudeversailles-spectacles.fr

Pourquoi le hautbois donne-t-il le la ?

Dès les premières minutes d’un concert d’orchestre, vous l’aurez compris : le Crédit Mutuel ne possède pas le monopole du don du la.

Les instrumentistes arrivent sur scène, préchauffent un peu leur instrument, rafistolent peut-être les derniers passages incertains. Soudain, le premier hautbois se lève: silence religieux du public et des musiciens.

Le hautboïste sonne fièrement un la, annonce d’un capharnaüm-prélude au concert, rite naturel et nécessaire.

 

 

Recette simple et rapide pour accorder un orchestre symphonique :

Un accord d’orchestre réalisé dans les règles de l’art se déroule ainsi : 

  1. Le hautbois donne d’abord le la aux vents. Pour les instruments transpositeurs (lien vers un article dédié) qui le préfèreraient, un si bémol sera parfois proposé dans un second temps.
  2. Une fois les vents accordés, le hautboïste communique ce même la au premier violoniste.
  3. Parce qu’il est plus facile d’accorder son instrument par rapport à un timbre proche, c’est le premier violon qui reprend le flambeau et supervise l’accord des cordes, pupitre par pupitre, des plus graves (contrebasses et violoncelles) aux plus aigus (altos et violons).
  4. Ce n’est que lorsque chaque pupitre a amené sa corde de la à la hauteur désirée que les trois autres sont réglées, et que l’ensemble des membres de l’orchestre peaufine son accord.

Le concert est alors prêt à être dégusté.

Ça, ce sont les règles du jeu officielles. Il peut arriver que, par économie de temps, le hautbois livre son la et puis… chacun pour sa peau! 

La première violoniste de la troupe en quête d’un la

Mais pourquoi le hautbois comme référence?

Trêve de suspense : point de certitudes sur le pourquoi du comment du hautbois qui donne le la. Seulement des hypothèses.

L’une d’entre elles voudrait que le timbre bien particulier du hautbois (une clarinette peut éventuellement faire l’affaire en cas de retard du hautboïste), clair et facilement identifiable, permette à chaque musicien de s’y retrouver dans le brouhaha ambiant. 

Une émission plus constante (donc une justesse plus stable) de cet instrument par rapport aux instruments à cordes pourrait aussi expliquer pourquoi ce n’est pas le premier violon (pourtant honoré du titre de Konzertmeister, “maître de concert”) qui met tout l’ensemble d’accord. 

La raison pourrait enfin être géographique : le hautbois se situant plus ou moins au milieu de l’orchestre, il n’a qu’à se tourner vers ses collègues pour leur signifier de suivre sa note. 

Mais est-ce que tout ce spectacle est vraiment nécessaire?

Absolument. Je dirais même plus  : un second accord est parfois nécessaire, après l’entracte ou entre deux longues pièces. 

Les instruments ont en effet une fâcheuse tendance à se désaccorder. Les instruments faits de bois subissent les variations d’hygrométrie et de température, “travaillent” et “bougent”, à la manière des parquets des vieilles maisons. 

Les vents, sont sujets à d’autres lois impénétrables de la physique : à force de souffler dans l’embouchure, la température monte, la hauteur de la note augmente aussi… 

Un orchestre n’est pas juste un rassemblement de musiciens individuels, c’est un ensemble aux couleurs homogènes. Imaginez une seule seconde, si chacun s’accordait de son côté, de façon désordonnée, suivant son propre diapason : ça ferait des grumeaux aux oreilles. La recette donnée plus haut est donc nécessaire, CQFD. 

Enfin, le moment de l’accord est un point de repère. Les musiciens se remettent “dans le son” de l’orchestre, le public se tait, le concert va commencer. 

Pendant ce temps, le chef d’orchestre, resté en coulisses, travaille activement à se faire désirer.

Il finit par pointer son nez… vague d’applaudissements… silence… geste… Bon concert ! 

Sources

 

 

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